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On interviewe aujourd’hui un spécialiste d’une épreuve parmi les plus concurrentielles et les plus difficiles qui soient ; jugez en plutôt : en 2022, 24 français avaient couru le 800 m en moins de 1’48’’ et 75 en moins de 1’50’’. Déjà en 2023, la saison à peine commencée, ils sont déjà 29 à avoir cassé la barre des 1’50’’. Qui n’a jamais couru cette épreuve ne peut même pas imaginer le mental nécessaire pour tout donner sur les 300 derniers mètres, dans ce qui est aujourd’hui autant affaire de vitesse que de résistance. Et pourtant, dans cette jungle, Pierre a une vraie épingle du jeu à tirer, au regard de ses temps à l’entraînement et de son ambition. Il serait fastidieux de citer toutes les performances réalisées par notre coureur emblématique, âgé aujourd’hui de 24 ans, tant elles sont nombreuses et prestigieuses. On se contentera de citer quelques faits marquants, afin de planter le décor, et les grandes étapes de sa progression, afin de permettre à nos jeunes coureurs de s’étalonner sur les distances du demi-fond.
Si son sport initial est le tennis (pratiqué jusque pendant son année Cadet 2, avec un enviable classement de 15/3 qu’il a d’ailleurs retrouvé l’an dernier au fil de quelques tournois !) Pierre entame l’athlétisme avec une année en UNSS au collège (cross + piste), avec à la clé une médaille d’argent aux championnats académiques par équipe, où il courut … le 50 m haies !).
Ses premières foulées officielles FFA se feront sur route, en 2011, avec un déjà prometteur 2 kms en 8’59’’ (2èmebenjamin). En minime, il s’essaye sur 5 kms (21’59’’) et récidive l’année suivante en 20’36’’. En 2014, il participe aussi aux départementaux de cross UNSS à Mortagne (7ème). En 2015, il améliore encore son temps sur 5 kms avec 18’54’’ et il gagne toutes les courses sur route où il participe dans sa catégorie !
C’est aussi le début de sa carrière pistarde en FFA et de quelle manière ! Passé cadet, il réalise 2’45’’85 au 1000 m et 2’07’’50 au 800 m. Ensuite, son ascension sera fulgurante jusqu’en 2019. D’ailleurs tous les ans depuis 2011 (sauf 2020, année COVID) il battra au moins un de ses records personnels !
· En 2016 (cadet 2), il court 8 fois le 800m, avec à la clé 1’55’’85 en salle (alors record bas-normand cadet) et 1’55’’59 en plein air ; il bat son record sur 1000 m (2’41’’78) et place de très bons 51’06’’ et 50’50’’ au 400 m, respectivement en plein air et en salle. Pour sa véritable première année d’athlétisme, il se qualifie pour 2 championnats de France, en salle (où il est finaliste, grand moment !), et en plein air (1ernon pris en finale pour 15 petits centièmes …). C’est anecdotique mais il s’est également essayé à la longueur, en propulsant quand même ses longues jambes à 5,39 m. Il n’abandonne toutefois pas complètement la route, en portant son record sur 5 kms à 17’13’’, à Aube (il faudra attendre 2023 pour qu’il efface enfin cette marque avec ses 15’52’’ de Lille)
· L’année suivante, devenu junior, il s’adjuge encore des records en salle (50’38’’ au 400 et 1’55’’43 au 800) et participe à ses 3èmeChampionnats de France, à Nantes. Cette année là, son record sera passé à 1’54’’96 … et là commence sa longue histoire d’amour avec le meeting d’Oordegem (1’55’’06) et avec la Belgique en général,
· En 2018, il établit ses 1ers incursions sur 1500 m (4’05’’57 en plein air puis 4’04’’02 en salle) ; s’il piétine un peu au 800 m (1’57’’20 à Oordegem), il reste dévoué pour l’APPAM en sautant 5,61 m à la longueur (RP) : que ne ferait-on pas pour les Interclubs ? Il aura ainsi largement participé à mener le club en finale nationale masculine des jeunes, à Saint Renan !
· C’est en 2019, alors qu’il était en 1èreannée espoir (dans tous les sens du terme !), qu’il réalise sa meilleure saison … pour l’instant ! Il réalise quatre 800 m en moins de 1’51’’, dont son magnifique record personnel, toujours à Oordegem : 1’49’’53 (performance Nationale 2), et bat 5 autres de ses records personnels : 49’30’’ au 400 m, 2’28’’35 au 1000 m, 1’54’’73 au 800m en salle, 3’53’’04 et 4’01’’04 aux 1500 m plein air et salle. Surtout, il participera à 4 championnats de France (cross, espoirs en salle et en plein air, élite en plein air). Il est notamment médaillé de bronze aux Championnats de France espoirs sur 800 m et participe pour la 1èrefois aux élites (où il finit 8èmefrançais, bien qu’il n’ait pas été pris en finale pour … 2 centièmes)
· Si 2020, nous l’avons dit, est contrariée par la pandémie, elle n’est pas blanche pour lui, loin de là, avec deux 800 m en moins de 1’51’’ (1’50’’36 à Bruxelles) et 50’’09 au 400 m. C’est aussi sa 2èmequalification aux France Elite, totalisant alors sa 8èmeparticipation aux France.
· En 2021, marqué par de corrects 1’51’’30 au 800 (toujours à Bruxelles) et 50’’53 au 400 m, il est finaliste des France U23 à Caen où il termine 7ème. il frôle de 2,5 secondes son record sur 1500 m avec un bon 3’55’’62. Cette distance n’est pourtant pas sa spécialité et il est évident qu’il vaudrait beaucoup mieux que ça avec une préparation spécifique …
· En 2022 il battra de nouveau son RP sur 800 m et 1500 m, cette fois-ci en salle (1’52’’28 et 3’53’’57) et finira en 1’52’’88 à Oordegem. Mais cette année-là est à particulièrement marquer d’une pierre blanche, pierre angulaire déposée dans la salle de Miramas un certain 27 janvier … Un caillou dans la chaussures de ses adversaires qui le propulsera champion de France Universitaire sur 1500 m(il était alors étudiant à l’IEP de Lille) … mais le mieux sera encore qu’il nous en parle lui même … Pour lui, ce titre sauvera une année quand même amère car, extrêmement en forme jusqu’au mois d’avril, il perdit ensuite ses marques jusqu’à l’hiver 2023, malgré sa participation aux France N2 indoor.
· Il aura ainsi participé à 10 Championnats de France, dont 9 sur piste et 2 en élites (série non terminée !!!). On pourrait encore citer ses 11 records départementaux toujours actuels, et … mais arrêtons-nous là, pour ne pas le faire trop rougir …
· 2023 ne fait que commencer et on relatait récemment son bon 600 m de préparation à Toulon en meeting national (1’19’’87). Quelle sera cette année ? C’est l’une des questions qu’on lui posera !
Une fidélité indéfectible à l’APPAM61 ! Que représente pour toi l’esprit club ?
Ma fidélité à mon club est d’abord motivée par le très fort sentiment d’appartenance que j’entretiens vis-à-vis de mon territoire. J’ai grandi à l’Aigle, j’y ai fait toutes mes classes, et j’en suis extrêmement fier. Ensuite, bien entendu, j’aime l’APPAM et l’état d’esprit particulier qui y règne, fait de camaraderie et de ce que les américains appelleraient le « underdog spirit » (les outsiders partis d’en bas sur qui personne ne mise mais qui finissent par renverser la table), qui me plaît énormément. Cet état d’esprit nous vient de mon formateur Régis Desplatz, qui aimait nous répéter « Appameur un jour, appameur toujours ». Avec Guillaume Fleuter notamment, un des derniers « survivants » comme moi de cette époque bénie, nous essayons d’entretenir cet état d’esprit unique, qui nous a permis de vivre des moments collectifs incroyables, comme lorsque nous nous rendions sur les Championnats de France des uns et des autres peu importe la distance, et surtout lorsque nous sommes montés en Nationale 2, en mai 2018 à Bernay.
Je n’ai aucune raison de changer de club, et même en m’entrainant sur les infrastructures d’autres clubs, j’ai toujours gardé ma licence à l’APPAM. La seule chose qui aurait pu me faire réfléchir à changer de club, c’est la Coupe de France de relais, où mes copains et partenaires d’entraînement du VAFA (Villeneuve d’Ascq Fretin Athlétisme) ramènent des titres de champions de France tous les ans. Je les considère comme ma famille athlétique ; j’aurais donc aimé partager ça avec eux, mais ce désir n’a jamais dépassé mon attachement à l’APPAM 61. Le club a également su s’adapter à mon projet sportif en trouvant des moyens de m’aider et de m’accompagner dans ma pratique, ce qui est non négligeable vu la taille du club.
Notre 1erentraîneur nous marque toujours beaucoup. Peux-tu nous parler du tien, Régis Desplatz ?
Je dois tout à Régis. C’est aussi simple que ça. C’est lui qui a repéré mes qualités de coureur de 800m, alors que j’étais plutôt venu à l’athlétisme dans l’optique de préparer les cross et le 1500m. En 6 mois, il m’a permis de me qualifier à mes premiers Championnats de France sur 800m et, une fois qu’on a goûté à un tel évènement, on n’a envie que d’une chose c’est d’y retourner et d’y performer, surtout lorsqu’on est fasciné par le sport depuis tout petit. Régis ne m’a suivi que deux ans, mais sans lui je ne serais jamais arrivé où je suis arrivé. Même s’il a dû quitter le club pour des raisons familiales, je reste toujours en contact avec lui, il est toujours de bon conseil, et il ne manque jamais une occasion de nous voir courir lorsque nous sommes dans l’agglomération caennaise.
Et pour être tout à fait juste et complet, même si je connaissais Régis depuis des années avant même ma première licence à l’APPAM, c’est mon prof de sport au lycée Sylvain Demarthe (48’’ au 400m dans les années 1990), qui m’a encouragé à rejoindre le club vu mes performances en cours ou à l’UNSS.
Mais pour revenir à Régis, il a marqué des dizaines de personnes car, en plus d’être un technicien d’une finesse extrême, un véritable orfèvre de la performance qui a transformé des athlètes de niveau départemental en machines de niveau national, il est d’une humanité exceptionnelle, toujours ouvert et tourné vers les autres, quel que soit leur niveau, leur passé, leur origine. Bref, c’est bien plus qu’un entraîneur et j’ai eu énormément de chance de croiser sa route !
Aujourd’hui, du fait de tes études maintenant terminées, tu es installé à Lille et t’entraîne avec le club de Villeneuve-D’ascq. Tu as un nouvel entraîneur, Olivier Rock. Peux-tu nous parler de la manière dont tu as vécu ce déracinement et comment tu en as tiré profit dans ta progression ?
En réalité, Olivier est l’entraîneur avec lequel j’ai le plus partagé, car cela fait maintenant 6 ans qu’il m’encadre (après une première année à l’APPAM avec Régis, puis une année à Caen avec Éric Levard, une autre personne formidable qui a marqué mon parcours). À Villeneuve d’Ascq j’ai appris un athlétisme totalement différent de celui que j’avais connu précédemment, avec beaucoup plus de volume et d’intensité. C’est là que j’ai pris conscience de ce qu’était réellement le haut-niveau. La première année ne s’est pas bien passée car mon corps n’était pas prêt à de tels changements. Mais vu les performances de mon groupe d’entraînement, j’ai compris qu’une fois prêt, j’avais tous les ingrédients à disposition pour moi aussi progresser. Ce fut assez immédiat puisque ma seconde année dans le groupe correspond à mes meilleures performances. Malgré mes récents échecs, j’ai quand même maintenu un niveau de performance plus élevé que celui qui était le mien avant d’arriver dans le Nord.
La force d’Olivier, en plus de ses qualités personnelles et d’entraîneur, c’est son groupe. Comme je le disais dans une réponse précédente, nous sommes une vraie communauté, une vraie famille, et nous partageons bien plus que des séances d’entraînement. J’ai créé de profondes amitiés, et j’ai beaucoup appris au contact d’athlètes plus forts et plus expérimentés que moi. Hugo Houyez en particulier, qui a réalisé 1’45’’52 sur 800m, est un modèle au quotidien pour moi, en plus d’être un de mes amis les plus proches.
Pour parler de la région, je me suis très vite acclimaté à Lille, une ville que j’adore et où les gens sont à l’image de mon entraîneur Olivier : gentils, ouverts et généreux.
Un titre de champion de France, même universitaire, ça marque nécessairement. Peux-tu nous dire comment cela s’est passé et nous parler de l’après. Comment redescend t-on sur terre ?
En réalité, ce titre est extrêmement particulier, car je l’ai remporté au bout de circonstances de compétitions assez improbables. J’ai vécu ce jour-là la journée de sport la plus irréelle de ma vie, car toutes les planètes se sont alignées pour m’offrir cette médaille. En effet, ces championnats étaient qualificatifs pour les Universiades donc de nombreux athlètes de très haut-niveau étaient présents (Flavien Szot, Benoît Campion, Quentin Malriq …). N’étant pas spécialiste du 1500m, je ne me faisais aucune illusion quant à mes chances de médailles. Mais j’étais motivé à l’idée de donner le meilleur de moi face à ces athlètes. Malheureusement, je n’ai pas été placé dans la meilleure série, alors que j’avais un temps de référence sur la saison qui m’aurait normalement permis d’y figurer. Ce fut finalement ma plus grande chance car les gars de la première série ne prirent pas leurs responsabilités et firent une course tactique, remportée par Flavien Szot en 3’55’’. En voyant cela et sachant que le classement se faisait au scratch sur l’ensemble des séries, j’ai compris que j’avais l’opportunité de monter sur la boîte. J’ai donc mené ma course à partir des 600m pour franchir la ligne en tête, dans un temps légèrement inférieur à celui de la première série. J’ai profité de la règle particulière du Championnat de France universitaire, qui se dispute sur une journée et ne comporte pas de séries qualificatives. Je n’étais donc pas le meilleur ce jour-là, et je n’aurais pas gagné en étant placé dans la première série. Mais c’est le jeu et j’ai pris avec bonheur ce titre tombé du ciel !
Est-ce ton plus beau souvenir ? Peux-tu nous en citer un ou deux qui t’on plus particulièrement marqué dans ta vie d’athlète ?
Au vu de ces circonstances, ce n’est même pas dans mon top 3 ! Ma médaille de bronze aux Championnats de France espoirs en 2019 à Châteauroux est, de très loin, mon plus beau souvenir. J’ai partagé ce moment avec tous mes proches, et cette médaille était pour moi un aboutissement. Car les records sont battus, les temps évoluent, mais les médailles ça reste pour toujours, surtout que celle-ci a été acquise dans un contexte relevé (Gabriel Tual, 6èmedes JO deux ans plus tard était le champion de France, et je devance pour le bronze Clément Dhainaut, double champion de France Elite en salle).
Mon second plus beau souvenir est bien évidemment mon passage sous la barrière symbolique des 1’50’’ au 800m à Oordegem le 1erjuin 2019. Je n’en crois pas mes yeux lorsque je vois le chrono s’afficher, il y a d’ailleurs une photo qui l’illustre bien. Mon coach est là, il me serre dans ses bras, je suis ému. C’est pour ces fractions de seconde qui suivent une grande performance qu’on fait de l’athlétisme. C’est le bonheur le plus pur, un état que seules les personnes qui font du sport peuvent comprendre ou ressentir.
Ensuite pour compléter je citerai mes premiers France en 2016 à Nantes, où je fais la finale contre toute attente, et mes premiers France Elites en 2019 à Saint-Etienne, où je suis placé dans la série de Pierre-Ambroise Bosse, encore champion du monde en titre.
Dans mon introduction, je citais les meetings d’Oordegem et de Bruxelles. Qu’y a t-il de si particulier en Belgique ?
Déjà ce n’est pas loin de chez moi à Lille, donc c’est très pratique ! Mais au-delà de ça, il y a une ambiance très particulière dans ces meetings, qui sont parfaitement organisés, dans des stades souvent champêtres, avec des pistes très rapides, une très grosse concurrence venue de toute l’Europe. Tout est fait pour la performance, et ça pue le sport, contrairement à certaines compétitions françaises où les organisateurs et juges sont là pour eux plutôt que pour les athlètes. Oordegem en particulier est un lieu extrêmement spécial, presque magique.
Sans négliger tes très enviables résultats depuis 2020, force est de constater qu’ils restent quelque peu en retrait par rapport à 2019. Est-ce que tu as pu faire un diagnostic et comment comptes-tu faire de cette expérience une opportunité ?
Mon ami Bernard, tu es même trop gentil, et je serai plus dur avec moi-même ! Je suis dans une spirale de l’échec depuis 2019, malgré quelques éclairs. Tu me demandais quels étaient mes meilleurs souvenirs, je pourrais te citer au moins autant de très mauvais souvenirs, qu’il ne faut d’ailleurs surtout pas oublier. Je n’ai pas réussi à progresser ou à maintenir un niveau de performance régulier. Evidemment je le vis très mal et ça me tourmente beaucoup car je donne ma vie pour mon sport. Je pense pourtant avoir progressé dans tous les domaines de l’entraînement depuis 2019, en musculation, en vitesse, sur le foncier. J’ai évidemment cherché des explications et j’ai des hypothèses assez solides pour expliquer chacune de mes contre-performances. Mais la vérité c’est que l’athlétisme n’est pas une science exacte, et qu’il faut parfois ne pas trop chercher d’explications, et aller de l’avant pour repartir sur une spirale positive. En 2023 peut-être ? Concernant la suite de ta question, je ne sais pas trop comment je peux transformer ces mauvaises expériences en opportunités. Je vois ma « carrière » comme un chemin, avec ses aspérités, ses hauts et ses bas, qui font partie de mon histoire. Ce qui est sûr c’est que quand ça payera enfin (et ça va payer !), le bonheur n’en sera que plus intense.
2023 sera donc l’année du renouveau. Quels sont tes perspectives et tes espoirs ?
Comme tous les ans depuis 2019, je veux battre mon record. Mais je ne crains pas de dire que je veux le battre nettement. C’est peut-être bête à dire pour quelqu’un qui n’a fait qu’une seule fois 1’49’’ dans sa carrière, mais je ne serai pas pleinement satisfait si je fais 1’49’’. Je veux descendre cette marque à au moins 1’48’’, dans l’idéal à 1’47’’, pour rattraper le temps perdu. Car il faut aussi préciser pour nos lecteurs que depuis 2021 le demi-fond est entré dans une nouvelle ère avec les pointes de nouvelle génération (et le Covid qui a favorisé l’entraînement), ce qui a perturbé les bilans nationaux. En 2019, 1’49’’53 représentait la 16ème meilleure performance française de l’année toutes catégories confondues. En 2022, comme tu l’as rappelé dans ton introduction, 75 athlètes ont fait moins d’1’50’’ ! Toutes les références ont changé ; donc j’espère bien, au-delà du chrono, retrouver le rang qui était le mien en 2019, parmi les 20 meilleurs français.
La qualification pour les Championnats de France est devenue compliquée, avec la contraignante règle du ranking (faire partie des 24 meilleurs dans la moyenne des 5 épreuves réalisées au cours des 12 derniers mois + quelques points supplémentaires en fonction de la place). Comment comptes-tu t’y prendre pour passer cet obstacle ?
Cela peut paraître bateau, mais simplement prendre les courses les unes après les autres. Mon objectif est de battre mon record, si possible assez nettement, car je cours après depuis longtemps. Les Elites viendront naturellement si je suis performant et régulier, mais je ne me mets aucune pression, car je suis conscient que je pars de très loin. En effet, n’ayant pas été performant en salle cet hiver, ce qui m’aurait donné des points d’avance, je suis « condamné » à réaliser non pas une mais plusieurs performances du niveau de mon record ou mieux. C’est déjà très difficile de le réaliser une seule fois car le 800m est une discipline usante, où la forme ne dure pas très longtemps, sans parler des bonnes circonstances qu’il faut réunir pour avoir une course rapide. J’espère évidemment participer aux France Elite tous les ans car c’est un évènement incontournable du calendrier, mais je n’en fais pas une obsession pour cet été.
Selon toi, quels sont les incontournables pour entrer dans les meilleurs français dans une discipline athlétique ?
Il faut bien évidemment un minimum de qualités athlétiques pour y parvenir, mais ce n’est pas ce qui compte le plus. J’appelle nos lecteurs à regarder de très près les fiches FFA de deux athlètes emblématiques du club, Guillaume Fleuter et Mikaël Chartain, qui ont atteint un niveau national sans avoir été brillants dans les catégories jeunes. Ce qui permet de tenir et de performer à partir des années espoirs (qui sont pour moi le vrai début d’une carrière visant l’élite nationale), c’est d’abord la passion de son sport, le plaisir pris au quotidien, et la volonté de progresser en allant chercher tous les petits détails qu’il faut pour devenir la meilleure version athlétique de soi-même. Il s’agit donc évidemment de travail, de rigueur, au quotidien, mais en prenant du plaisir à s’infliger ce quotidien contraignant, car il faut faire ça pour les bonnes raisons, pour son propre développement personnel. Ensuite, il faut croire en soi. Cela peut paraître très simple une nouvelle fois, mais c’est terriblement vrai. Le mental et la confiance sont des parts intégrantes de la performance. Enfin, je finirai par dire qu’il faut être bien entouré car on ne gagne jamais seul.
Je me permets un petit aparté sur cette question, car j’ai réalisé à l’occasion de mon master 1 un mémoire de sociologie du sport sur le sujet des coureurs de 800m. J’y mettais en évidence que ceux qui parviennent à performer à haut-niveau réunissent généralement certaines conditions matérielles et financières. Pour le dire très simplement : du temps et de l’argent. Je ne serais donc pas tout à fait fidèle au travail que j’ai réalisé en affirmant que la performance n’est « que » une affaire de travail et de volonté. Certaines conditions facilitantes doivent être réunies et ce n’est pas particulièrement facile en France. Mais il faut s’accrocher !
Une qualification en équipe de France : un rêve ou une future réalité ?
C’est plutôt un rêve, il faut être réaliste. Après ma performance en espoir 1 c’était davantage un objectif, mais j’ai perdu du temps et je cours après le train que je n’ai pas réussi à prendre en marche. Peut-être que mes performances de 2023 ou 2024 me reconduiront à faire du maillot bleu un objectif !
Tes études terminées, souhaites-tu t’engager d’ores et déjà dans la vie active ou profiter de tes « belles années » pour te consacrer pleinement à ta carrière d’athlète ?
Le 800m est une discipline où les meilleures performances ne peuvent être atteintes que sur une petite période, à la louche entre 20 et 30 ans. J’en ai 24, donc j’attaque les années où je suis sensé être au meilleur de ma forme. Mon souhait est de pouvoir profiter de ces années de pic physique, en conciliant ma vie professionnelle et ma vie sportive sans jamais sacrifier cette dernière.
Mon plus grand objectif, c’est que la performance inscrite sur ma fiche FFA à la fin de mon chemin soit proche de ce je pouvais potentiellement faire de mieux, que ce soit 1’45’’, 46’’, 47’’ ou 48’’. En bref, atteindre mon plein potentiel. Pour cela, il faut bien sûr pouvoir s’entraîner de la meilleure façon possible, au quotidien, et en partant régulièrement en stage. Comme je l’ai dit dans une réponse précédente, vivre un tel quotidien tourné vers la performance n’est possible qu’en réunissant ces fameuses conditions financières et matérielles qui permettent de s’entraîner dans les meilleures conditions tout en pouvant évoluer professionnellement, et « remplir son frigo ». J’ai de la chance car je suis bien entouré depuis l’an dernier par plusieurs partenaires à l’échelle locale qui m’aident à vivre ce quotidien. Je les cite, car ils sont essentiels pour moi aujourd’hui, et ils le seront encore ces prochaines années je l’espère : le Crédit Mutuel Maine-Anjou-Basse-Normandie, Fiteco L’Aigle, Bohin France, Carrefour City L’Aigle, Intersport L’Aigle-Argentan, la ville de L’Aigle, et bien sûr l’APPAM 61. Les évolutions du monde du travail suite au Covid, avec notamment l’émergence du télétravail, m’aident également dans cette quête.
Tu souhaites consacrer tes 4 prochaines années à la recherche de performance sur 800 m. Et ensuite, penses-tu monter sur de plus longues distances ? Tes incursions sur cross ne sont pas si nombreuses mais pourtant assez réussies. Cela peut-il participer à ta reconversion ? Tu as entamé ton parcours sportif par de la route : te vois tu y revenir un jour ?
Je ne pense pas. Peut-être sur 1500m mais pas plus haut. Je ne pense pas avoir les qualités pour faire des distances plus longues, physiologiquement et surtout physiquement car je suis beaucoup trop lourd du fait de ma taille (1m91). Je pense être un pur pistard, et je suis initialement un profil 400/800 plutôt que 800/1500. Mes quelques résultats en cross ont été obtenus sur des parcours très courts, souvent plats et secs, bref ressemblant beaucoup à la piste ! La route ne m’attire pas vraiment non plus, je pense que quand j’en aurais fini avec le 800m je me consacrerai à un sport plus ludique, comme le tennis, ou moins dicté par le chrono, comme le cyclisme. Je suis un compétiteur avant tout, donc quoi que je fasse, ce sera forcément marqué par le défi !
À plus long terme, des responsabilités d’animation en club (entraîneur, dirigeant, juge …) ou même en Ligue pourraient-elles t’intéresser ?
Je pense que j’aimerais entraîner un jour. Construire un projet avec un athlète, l’accompagner au quotidien, le faire progresser, ça doit être une aventure humaine exceptionnelle. En tout cas si je m’investis, je pense que ce serait plutôt à l’échelle d’un club, car c’est là que sont les athlètes. Concernant la fonction de juge, elle ne m’intéresse pas du tout, et je m’en veux car je sais que dans quelques années l’athlétisme sera sûrement confronté à un problème de renouvellement des officiels …
Professionnellement, comment vois-tu l’avenir ? Vraiment très éloigné du sport ?
Le sport est ma passion donc si je peux le lier à mon activité professionnelle, ce serait parfait ! J’ai par exemple pour projet à moyen terme de faire une thèse en sociologie du sport, dans la continuité de mon mémoire de M1. Mais je ne me projette pas encore sur l’avenir, je vis à fond l’instant présent.
Pour terminer, que souhaites-tu dire à nos jeunes minimes / cadets / juniors qui pointent le bout de leur nez dans leur catégorie respective ?
Faites-vous plaisir avant tout ! Vous n’avez pas choisi le sport le plus facile donc si on y enlève le plaisir, dans la pratique au quotidien ou en compétition, cela devient encore plus difficile. Fixez-vous des objectifs, soyez ambitieux, mais ne vous mettez pas la pression sur les résultats, car l’athlétisme n’est pas une science exacte, ça viendra au moment où ça doit venir. Et surtout, profitez toujours d’un record ou d’une bonne performance, car elles ne sont pas si fréquentes, surtout quand on vieillit !
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